"L'arbre n'a pas de côté,
l'Océan est sans milieu.
A quelle hauteur commence le ciel?"
Léonce leblase,
Discours sans fonds,1487
Aujourd'hui où le réel partagé est soumis à des affirmations technico-scientifiques péremptoires et des définitions social-politiques définitives, comment ne pas de temps à autre se révolter que la place de l'intériorité, -où se situe pourtant le peu de vie personnelle de conscience-, diminue?
Dans la rumeur assourdissante des proclamations qualificatives qui nous contrôlent, dans la cacophonie des définitions aussi absurdes qu'officielles de santé et de normalité, la marche à travers notre époque nous demande une exigence et une innocence volontaire de plus en plus inatteignables.
Le combat pour la perception du réel se fait contre la réalité vécue.
Peut-être aussi parce que nous prenons pour définir la vie un mauvais élément: notre petite existence se déroulerait dans un laps de temps, commençant à l'expulsion hors des parois de nos mères jusqu'à l'expiration finale, la fuite de l'âme hors du corps.
Une histoire d'emploi du temps, en somme.
Paradoxalement cette vie est rarement définie, -malgré l'expression de "notre passage sur Terre"-, comme l'itinéraire d'une promenade dans un espace qui tourne.
le monde, c'est un point de vue
Du coup lorsque l'on nous dit que le monde est monde, nous ferions mieux de chanter sous la chasse d'eau: ce monde d'avant, pendant et après nous ne vous semble t'il pas l'élément le moins figé, le moins permanent, le moins universel qui soit? L'élément à la fois partagé mais jamais échangé entre nous?(ou l'inverse)
ce qui apparemment saute aux yeux de tous
L'ensemble humain, limité par les mots qui l'engagent, rétréci par les associations d'idées qui l'enclavent, effaré par l'immensité qui l'entoure, déambule en troupeau, mange ce qu'on lui enfonce dans le gosier, écoute ce qu'on lui crie aux oreilles, regarde l'univers par le trou qu'on lui désigne. N'est-ce pas une vie de couloirs?
un point de vue comme trait de vie
Vient un temps où à force d'être guidé par ces icônes qui ne sont que des panneaux, ces platitudes gravement assénées qui sont autant d'offenses à notre désir d'une vie sans clôtures, ces injonctions mille fois entendues sur le Bien et le Mal, le sens échappe et nous nous rabattons sur le symbole, incapables finalement de voir le Saint, la Vierge, le Sage lorsqu'ils sont devant nous ou en nous.
au point où l'on devient la vue
Quand alors il vous incombe de dire votre dit, faut-il clamer que la vérité paraîtra un mensonge? Se souvenir qu'on vous en voudra d'avouer que nos semelles sentent encore la fange où nous enfermons les plus faibles? Annoncer que la nécessité de donner oblige à déchirer le coeur, à dévoiler la douce image de l'innocence, cette blanche candeur qui n'est qu'aveuglement.
Combien de fois par an vous réveillez-vous à vous-même?
Espérez-vous vraiment qu'une fois clamcé vous irez dans un camp de vacances éternelles?
leblase est-il devenu mystique à la suite d'une chute de vélo?
Après le repas,supportez-vous facilement le mensonge de la réalité?
Le vertige ouvre t'il à la lucidité?
Combien coûte aux vivants votre simple existence?
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