L'horizon barbelé
ce qui gonfle éclate
"La contradiction est un indice de vérité"
Voilà des gens raisonneurs et raisonnables.
Des gens qui connaissent, que dis-je, qui possèdent le réel. Le réel est à eux, le réel est eux.
De leurs bouches rémunérées coulent pourtant des mots sans pensée, des discours d'escalators répétés, copiés, canalplussisés.
Ils représentent en celà une logique qui ne coûte pas cher en réflexion, une analyse d'occase.
Reléguer l'indignation à un caca nerveux pour vieillards séniles ou ados immatures ne suffira pas à parer ce que représente l'engouement populaire pour "indignez-vous".
Car l'indignation n'est pas qu'un surcroît d'émotion:
En 2005, dans un billet célèbre dont j'ai la flemme de retrouver la trace, les Ets leblase avaient prophétisé (barbe, montagne, foule féminine en adoration, ahhh..Que de souvenirs!) les "mouvements" ou "émeutes des cités".
Aujourd'hui la direction, cloitrée dans ses bureaux par ses employés ultragauchistes et obligée de se nourrir du caviar réservé aux signatures de contrats, le communique:
la révolte est bien ce qui frémit en Occident, en Chine, en Russie, où des fortunes colossales augmentent de façon automatique alors que parallèlement les populations font face à la montée de misères diverses allant de l'appauvrissement matériel et culturel à ce que l'on appelle désormais, tant c'est répandu: le déclassement social.
La révolte est ce qui anime les rues voisines du Maghreb, d'Inde, du Moyen-Orient.
Alors oui c'est vrai, O penseurs télévisés: les Gavroche qui montent sur les barricades face aux canons de l'Armée, jeunes iraniens face à la sauvagerie des pasdaran, jeunes tunisiens ou algériens qui n'ont que des pierres contre des fusils oblitèrent la réalité des forces en présence (Heu.. en fait 70% des Algériens, dirigés par des octogénaires, ont moins de 30 ans).
Mais ils sont poussés par le feu de la faim, la blessure de la honte que procure l'invisibiité.
Leurs parents eux-mêmes voient le sol glisser sous leurs pieds, entendent les mots creux de leurs élus impuissants: ils s'adonnent alors aux voix illusoires du yaka genre Tea parties, intégrisme islamique ou Front National, qui arrivent par le même bateau (revoir "la croisière s'amuse").
Quelle voix portera la vérité partagée et déchirée du vécu, au-delà de la condamnation, de l'outrance ou de la solution à deux balles?
Qui est assez fou pour aborder certaines problématiques de fond, dire que le système mondial tel qu'il est organisé ne peut plus employer, loger, soigner, nourrir, abreuver, éduquer tout le monde et qu'en conséquence se préparent des zones de fausses prestations sociales?
Qui dira que les gigantesques camps de réfugiés, qui sont des parcs d'humains neutralisés et non pas des Clubmed pour déplacés, prendront surement une forme douce et masquée en Occident mais qu'ils finiront par arriver?
Quand cessera l'épuisante prosternation de la pensée économique devant ce qu'on appelle le "libre-échange", lequel n'est d'ailleurs ni libre ni un échange?
Comment franchir les limites du raisonnable et créer des espaces illogiques?
Comment dénuder le baratin du secret défense, l'alliance de fait du terrorisme avec l'antiterrorisme.
Le mensonge politique global proféré par des gens de (parfois) bonne foi?
N'a-t'il pas fallu de tous temps s'outrepasser, refuser le déni du réel officiel et endosser la tunique de la folie pour voir ce qu'on ne doit pas dire et dire ce qu'on ne doit pas voir?
Ceux qui ont perdu le sens de la réalité ne sont-ils pas ceux qui ne s'indignent pas, qui ne sentent monter en eux aucune révolte, ne ressentent aucune gêne?
Les barbelés sont-ils la ligne de l'horizon?
Aimez-vous les pousse-pieds?
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