Utilisation du monde
Servir ou se servir
"L’Histoire dépend de ceux qu'on n'a pas écoutés"
Des trains foncent à (très) grande vitesse à travers des univers sociaux bloqués. Leurs habitants balancent du béton sur les rails pour les bloquer à leur tour.
Des utilisateurs du Net usent des liens qui leur fournissent images, musiques et informations pour un assemblage parfois inattendu. Des industriels caducs balancent un tas de pression sur les politiques pour bloquer les générations qui avancent avec les outils de leur temps.
Des banquiers aventureux et irresponsables secourus par les fonds publics continuent de flamber avec l'argent des autres.
Des esprits critiques et joueurs recueillent des informations sur des comportements officiels, qu'ils publient gratuitement afin que tous sachent qu'Untel se sucre, que telle industrie met du plastique dans le lait, que l'argent qui part revient toujours aux mêmes.
Des législateurs et juristes, appuyés par une presse trop phagocytée, jettent l'opprobre sur ces "pirates" ou "informateurs dénués de la
Bref, la roue existe mais ceux qui voudraient l'utiliser pour s'en sortir seraient des roulures,
pas des moteurs.
Cette crise ne vous amène-t'elle pas à penser que le monde se divise entre ceux du mode ancien qui voudraient figer le mouvement, et ceux qui trouvent des trous de souris, des courants d'air, des idées fulgurantes, des passages vers demain?
N'avez-vous pas l'impression que la multitude de "rencontres au sommet", de "réunion des G7,8,20 (ajouter le nombre qui vous plait)" ne fait que cacher l'incompréhension des responsables devant une dynamique désormais en marche, oublieuse des catéchismes sociaux, politiques et financiers appris à l'ENA, Harvard, Oxford (ou ailleurs, dans un monde congénital d'experts et de consultants), vers un système à créer?
N'avez-vous pas l'impression de plus en plus ténue que le monde officiel et auto-sacralisé de la presse ne comprend rien à la réalité d'une population qui met les mains sur le gouvernail?
Je vois des jeunes gens, des ados, des femmes, des quasi-illetrés, des gens du monde émergent qui trouvent naturellement le moyen d'accéder au bout de leurs envies et idées en deux trois clics (après une authentique réflexion et une observation rafraîchissante des engrenages sociaux), sans passer par les carcans institués.
Je lis l'histoire de telle ou telle idée simple - de cette simplicité qui confine au génie, soulage la vie de tous les jours et vient souvent en aide à ceux qui sont sans défense- devenir le standard local, national et même mondial, sans passer par la case registre du commerce, prêt bancaire, diplôme des grandes écoles, appui politique.
J'assiste à cette rencontre entre l'outil nouveau ou ancien et son utilisation imprévue, décalée, créatrice et génératrice d'un nouveau plateau interactif, que ce soit en sciences physiques ou sociales, en consommation, en transports, en éducation, en tissus sociaux, en art.
La société est en train de passer du stade du marché classique à un stade où des éléments flottants dans le réel ou le virtuel, dans la vitesse de l'inventivité sont détournés ou exploités par leur utilisation.
Donc par leurs utilisateurs.
Là-dessus, la loi et les réglementations ont des temps de retard; les investisseurs officiels pataugent encore dans les miasmes d'un XXème siècle qui n'existe plus depuis une paye.
Pensez-vous que le monde classique de l'exploitation/production soit mieuxpareilpireneseprononcepas que le monde du détournement utilisateur?
Réalisez-vous que ce qui tire réellement les gens du gouffre n'essaye que rarement de devenir BIG ou PLUS?
Etes-vous conscients que l'association finance/entreprise/politique/presse télévisée ressemble à l'association Monarchie/noblesse/clergé/armée des temps anciens?
Peut-on sincèrement s'accrocher au monde classique de l'exploitation et de la rigidification?
A la société de l'enchaînement industriel désormais clairement obèse et polluant, qui est en train de nous engluer dans son invalidité?
Va t'on négliger l'avènement de l'utilisation latérale, légère, pratiquant facilement la gratuité, souvent spontanée et divisée en cellules perméables les unes aux autres, brassant sans discontinuer pays, classes sociales, idées, goûts, besoins, couleurs?
Va t'on continuer de pénaliser la pratique de la préhension qui paraît si naturelle à la jeunesse, à l'homme ou à la femme porteuse d'idées, à celui ou celle que le raisonnement clair pousse à décaler les règles?
Tout ça parce que les tenants des industries nocives, soi-disant pourvoyeuses d'emplois, s'estiment grugées alors qu'elles plombent un monde qui change?
Elire est-il un choix?
Croire est-il le contraire d'espérer?
Espérer est-il subversif?
Passer l'info, les codes, les voies détournées est-il un acte civique?
Le civisme est-il encore légal?
La loi est-elle humaine?
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