Délivre-nous
ou autre chose
"Encore des fous qui passent
Ils vont on ne sait où..
Et nous suivons leurs traces
S'ils sont plus fous que nous"
Maeterlinck
Parfois, il m'arrive de m'assoir dans un lieu public et de fixer, en totale admiration, un espace restreint que mon esprit cadre et délimite.
Ce lieu public peut être une rue, un magasin, une cabine d'ascenseur, le sas d'entrée d'une banque, un jardin, un bout de chandelier dans une réception hyper-mondaine (moi et les huiles) ou un giclement de sang dans une circonstance très très instable (moi et l'hémoglobine), ou encore la sortie de secours d'une des Sept Merveilles du Monde.
Je reste là et, si je n'ai pas oublié mon appareil photo, je fais clic clac; sinon je rêve à l'image de ce bout d'Univers qui a attiré son attention sur moi.
Les aleas généalogiques qui ont abouti jusqu'à moi ne m'ayant pas
donné un physique passe-partout, il y a toujours quelqu'un qui
s'approche pour savoir ce qui se passe.
La première question qu'on
me pose alors est toujours à la foisun délice et d'un grand réconfort, même si
c'est: "Voulez-vous vous assoir? L'ambulance ne va plus tarder"
C'est ainsi
que leblase a passé pour un fou (ou un total abruti) sur les cinq
continents et dans toutes les strates de la société.
Mais c'est
aussi ainsi que, sorti du contexte, ce que je faisais là (la photo que
j'ai prise ou la réflexion que j'en ai tirée) m'a permis de donner un
sens, une redécouverte ou une transformation acceptable et étonnante, parfois même enrichissante pour moi et d'autres, aux divers degrés des
accointances.
Nous avons tous été aggrandis par des petits riens que nous fûmes seuls à saisir: une odeur, un bruit, une voix, un étrange assemblage de formes ou de couleurs, une démarche féminine ou la façon dont un homme se lève.
Peur que le ciel nous tombe dessus, ou peur de nous envoler?
Nous avons tous été réveillés et révélés par une phrase lue ou entendue, une parole, un geste, un battement d'ailes.
C'est ainsi que chacun de nous est porteur d'un trésor unique fait d'un rien du tout, mais qui n'en a pourtant pas moins une immense valeur.
Trésors non négociables car presqu'impossibles à partager sauf par certains, mais ceux-là sont doués de talents narrateurs à la Albert Cossery.
Je ne citerai aujourd'hui que celui-là.
Car d'autres aussi se révèleront aptes à rendre part.
Avez-vous conscience de ce qui fait de vous un trésor, ou une source unique?
Avez-vous conscience de porter en vous quelque chose pour tous?
Qu'un bout de vous est Universel?
Qu'un bout de vous, livré à tous, nous libèrerait?
Je faisais allusion à ve commentaire Mitra !!! je ne sais pas si c'était un tableau ou une photo !!
mitra - le 29-01-06 à 23:03 - #