Espérer demain
latence
"Ainsi l'Homme descendrait du singe; pourvu que cela ne soit pas vrai,
mais si ça l'était prions que cela ne se sache pas"
Je vous ai parlé de la mort
Je vous ai gonflé avec la finance
Je vous en ai mis des tartines sur le réel
L'heure est venue: je vais vous raconter mes vacances.
Ou plutôt LA vacance, préliminaire à une hypothétique plénitude.
Il y a de ça quelques MoKw/h, un zozodici disait qu'il n'aimait pas espérer parce qu'il n'aimait pas attendre...tout' toudou tout'toudidou tout'ti... Je l'avoue, ça m'a trotté dans la tête.
Sans mon amnésie avouée et certifiée par l'Académie de Médecine, j'aurais rué dans les brancards.
Au lieu de quoi j'ai considéré qu'on m'avait fait le cadeau d'un petit pacquet de questionnements essentiels.
Bien sûr, la liaison faite par zozodici entre ces deux dispositions venait aussi de son goût des langues:esperar et aspettare signifiant attendre, comme aucun Finlandais ne l'ignore.
Si l'on pense qu'attendre se limite à poireauter, ne pas aimer la chose se conçoit très bien. Si l'on est dans la vie comme devant une vitrine, si l'on ne dispose plus que de cauchemars intérieurs ou pire, d'absence d'intérieur pour voir venir, attendre semble être perdre du (pas son) temps.
Espérer attendre
Pourtant ce rejet de l'attente ne prédispose pas à l'observation du monde et donc, à la compréhension forcément partielle de soi-même ou de toute raison d'être. Une fois arrivé l'objet de l'attente, on n'aura pas progressé à l'aune de la suite: l'inévitable prochain moment d'expectation.
Attendre est une respiration, qu'on aime ou qu'on n'aime pas; attendre n'est pas rester planté comme un poteau. Attendre permet de longer le Temps comme on longe une rive sans fin, particule indissociable de la rivière miraculeuse qui va de la naissance à la mort.
Attendre, c'est aussi tendre vers, alors que s'attendre à suppose une précognition de ce qui vient.
Attendre pourait-il donc permettre de joindre l'être au néant?
Attendre d'espérer
Certains (quelques milliards d'humains) attendent des vies entières avant de connaître l'espoir; certains luttent matin et jour et soir et nuit pour entretenir l'espérance; d'autres soufflent sur leur âme pour avoir la volonté et la capacité d'attendre que les portes de leur prison intérieure ou pénitentiaire s'ouvre, tandis que les gavés les inertes et les désespérés ont ceci de commun avec ceux qui renoncent: les richesses de la curiosité ou de la patience leur manquent, comme un espace de l'âme qui serait tronqué.
Espérer donne la force de trouver son propre signe de piste.
Espérer ne serait pas plus attendre que l'attente ne serait un temps mort.
Espérer n'est-il vraiment que rester le cul posé sur son nid, bec ouvert, à enfourner les lombrics déposés par des parents que l'instinct épuise, à engloutir en temps réel les films, livres, la musique, la peinture que des créateurs ont achevés en s'écorchant l'être, en y consacrant un bout de vie qu'ils n'ont pas comptabilisés, en ne refusant pas le contretemps?
Attendre ne serait-il rien d'autre que laisser le monde venir à soi?
Ne pas vouloir attendre n'est-il pas une autre version du tout, tout-de-suite, ce dégât moderne?
L'attente ne peut-elle alors être considérée comme la phase privilégiée où l'être reccueille en lui-même les éléments de la création?
Peut-on aimer la vie en excluant l'espoir?
Peut-on grandir sans le vouloir?
Commentaires tout frais
→ plus de commentaires