Quitter tout qui t'es
ça va pas de soi de revenir à soi
"Toi qui arrives, il t'a fallu partir"
Aujourd'hui le Professeur leblase, arraché à sa maison de retraite, nous entretient d'un sujet qui touche à l'extraordinaire aventure de la vie, et sans laquelle rien n'est rien, finalement si j'ose dire:
le départ.
"S'il est certain, nous dit cet excellent observateur des multivers habités, que sans partir on n'arrive nulle part, il est profondément vrai que même sans partir il ne reste rien.
Une fois les chromosomes réunis en un être unique, celui-ci n'a de cesse d'obtenir au plus vite l'autonomie nécessaire à sa survie. En clair: quitter manman.
De l'araignée jusqu'au Français moyen en passant par la gazelle, il n'y a pas d'autre voie que celle du départ sans cesse renouvelé.
Hors de la matrice puis du logis familial, du terrain arasé au vert paturage, le vivant doit perpétuellement s'arracher au domaine arpenté pour acquérir la connaissance.
Il s'agît certes souvent de ne quitter qu'un tas de boue pour un autre, un ver pour une chenille.
L'humain va plus loin, fait plus dense et sophistiqué, plus complexe et dangereux. Sa capacité à imaginer l'inconnu engendre tant de choses que l'angoisse paralysante domine plus souvent l'excitation d'apprendre, que le contraire.
Celui qui croit être arrivé n'est finalement qu'un parvenu.
Obsessionnel du contrôle l'être social tolère rarement le nomadisme coutumier, social, amoureux, intellectuel, spirituel, politique ou même artistique.
Il vit mal qu'on puisse se livrer à la transformation.
Le mouvement de l'un renvoit à l'autre l'image de son immobilité et le prive de la projection qu'il en avait.
Car cette radicale affaire du départ demeure pleine d'un mystère qu'il ne faut pas dévoiler.
Or, on n'a rien quitté tant qu'on n'a pas renoncé à soi-même" conclut le Professeur leblase en entendant l'heure du dîner annoncée dans la résidence.
Ce court entretien avec un tel puits de science pose t'il plus de questions qu'il n'en résoud?
D'ailleurs, en résoud-il?(en pose t'il)
A quand remonte votre dernier sentiment de départ?
Dieu qui est éternel donc âgé, vit-il dans la même résidence que leblase?
Eprouvez-vous de la compassion ou de l'admiration pour les (im)migrants?
Depuis que vous lisez ce blog, avez-vous l'impression de moins transpirer sous les bras?
Savez-vous combien de concepts, de lieux et de gens vous auriez dû quitter mais avez renoncé à le faire?
Pensez-vous que seul un tremblement de terre peut nous ouvrir le ciel?
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