Rien après Tout
mais pas rien du tout
"Reconnu sous ma main
Tes courbes à mon réveil
J'ai suivi le dessin
de tes demi-soleils"
Disons que ce matin-là en ouvrant l'esprit il n'y a plus rien: pas de souvenir d'un rêve, d'un mal au ventre ou d'un gratouillis quelque part.
Disons qu'en ouvrant les yeux il n'y a rien non plus. Disons que vous êtes allongé(e) sur un lit; il y a des draps peut-être une couette ou des couvertures, mais rien d'autre. En tous cas pas une peau chaude et douce, pas de forme alanguie aimée ou inconnue.
Des murs, sans doute, et peut-être une ou deux ouvertures, genre une porte et/ou une fenêtre.
Vous vous levez, pas amnésique pour un sou et passez dans la salle de bains afin de reprendre contact avec l'habitude de la vie.
Une bonne douche, tiens! Et un shampoing. Mais pas de douche. Pas de savon, juste un peu d'eau.
Il n'y a plus que vous, ce corps.
Il n'y a pas de bruit au dehors pourtant il semblait bien que la vie n'était que vacarme et folie, vitesse et incessance.
Il n'y a pas cette rumeur intérieure non plus pourtant il semblait bien que tout n'était qu'angoisses, problèmes, buts à atteindre, désirs et besoins, urgence et incessance.
Or tout a cessé.
Il ne reste que vous, sans atours.
Cependant, ce n'est pas comme si tout ce que vous venez de perdre n'avait jamais été: les amis, les petits objets compagnons, les liens de toutes sortes, les projets, les nostalgies, les acquis. Tout ce qu'on croit faire partie d'une vie est toujours dans votre mémoire, dans votre conscience.
Mais seulement là.
Car vous voilà nu(e) encore, né(e) une fois de plus, à nouveau acquis(e) à vous-même et au monde, et le monde lui aussi se déploie en conséquence.
L'ardoise serait effacée.
Vous seriez, toujours et encore vous-même, mais devenu inaccessible aux conséquences de vos actes passés, de même que votre passé ne pourrait plus intervenir dans votre présent à venir.
Pourriez-vous alors voir le monde tel qu'il est, sorti du déroulement temporel?
Accepteriez-vous d'en percevoir l'irréalité?
Remonteriez-vous la pente de votre histoire pour modifier les tournants que vous aviez empruntés?
Tâcheriez-vous de choisir entre votre bonté et votre liberté (un choix sans sincérité bien sûr, mais d'où pourtant découlent tant d'autres choix)?
Retourneriez-vous vous coucher sachant qu'il suffit de se rendormir aux habitudes ou partirez-vous , dévêtu de votre ancien Moi, à la recherche de l'Univers débarrassé?
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