Tout s'explique
rien ne s'implique
"Quand j'aurai le temps, je ferai autre chose"
Pourquoi?
Parce qu'une pensée nouvelle, c'est un peu comme un prophète: on la reconnaît après sa disparition.
Elle réapparaîtra néanmoins, pasteurisée et mixée dans ce qu'on appelle un débat (discussion de poivrots modernes auto-désignés experts -habituels bêbêtes à noeuds papillon payés par les grosses compagnies pour parler et endormir ceux qui les écoutent).
Nous ne sommes plus dans un monde en question(s) mais dans un univers de réponses: rapides, constantes, définitives.
On n'appréhende plus, on ne renie ni ne dénie plus (c'est même souvent un délit), on ne remet pas en question, on ne retourne pas le cadavre.
On explique.
"Tout s'explique" est d'ailleurs à la fois une expression courante et l'affirmation qu'on peut mentir sur tout. Comme l'absence ou le vide font peur -soit en ouvrant la porte au questionnement, soit en refusant la satisfaction immédiate- alors on commente, ou on commente l'expllcation ou même on commente le commentaire de l'explication.
L'explication elle-même n'étant qu'une bouillie de caractères basés sur ce qu'on appelle une information, elle-même aussi peu consistante qu'une amitié de réseau social.
Le monde échappe aux humains justement au moment où il n'y en a jamais eu autant (d'humains, pas de monde. Encore que...).
Le brassage d'idées, la confrontation des esprits, l'exposition aux abîmes de l'insavoir, n'ont pas lieu d'être dans ce système-monde antagoniste où outils modernes et mathématiques soutenues par l'informatique se sont emparés de ce qui restait d'imprécisément possible: l'individu cède la place au dividu, et nous croyons encore dire je.
Ce système-monde, technique et totalitaire, fonctionne d'une façon à la fois très simple et y a pas plus complexe: nous sommes soumis aux "dirigeants" politiques, qui agissent en fonction de l'économie laquelle est tributaire d'entreprises dont les patrons se soucient surtout des actionnaires obnubilés par les places financières elles-mêmes régies par des algorithmes implantés dans des réseaux informatiques agissant et réagissant trop vite pour que les financiers interviennent.
Le besoin d'un narratif exigé par la société pour avaliser une tentative de réel peut-il être infléchi?
Bouger une pièce ne crée pas d'espace, mais un sandwich plus sec.
On attend l'inattendu pour lui couper la tête.
Nous avons petit à petit confié notre univers aux substrats.
C'est d'ailleurs sans doute pourquoi le shplouc est écrit par un faux.
Maintenant que le statut de liberté est obligatoire, comment échapper au bracelet électronique des nouvelles relations?
Voyons-nous que nous sommes ce qui nous entoure?
Les adjectifs ont-ils remplacé les châtiments corporels?
Le corps autonome est-il dissimulé sous l'obésité du pauvre?
Le manifestant tabassé de la place Tahrir n'est-il pas plus libre que le syndicaliste qui défile paisiblement entre la Bastille et la République?
Ne préférez-vous pas les petites culottes aux strings?
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