Plus encore
Moins du reste
"L'avenir appartient à ceux
qui ont des ouvriers qui se lèvent tôt"
Oscar Szchpluk, Pour une économie vraiment sociale, 1856
Il me reste un jour à vivre.
Peut-être un peu plus, genre deux. Ou alors vingt ans, va savoir. Ce qui est sûr c'est que quelque soit la quantité d'inégales journées, heures, minutes, elles commencent maintenant pour aboutir à ce qui devrait être la seconde la plus dense, la plus absurde et la plus effarante de toutes, la dernière.
Jamais en nous-mêmes.
On déplace.
On déplace parce qu'on n'est jamais ni sur la place idoine, ni au moment adéquat.
On devrait être là où mais non.
On est déplacés, quelque soit notre positionnement, comportement ou attitude.
Et tant mieux, si vous voulez mon opinion.
D'ailleurs, que vous veuilliez ou non cette opinion sacrée, qu'importe: tant mieux.
On est déplacés comme les mots de la vérité, déplacés comme la source de tout, déplacés comme l'origine de la certitude.
Aussi conviendrait- il d'assumer ce décalage en nous-mêmes et ne pas en laisser l'exclusivité à ceux qui déplacent pour nous les inepties du bien et du mal, les insultes que sont la liberté, la parole de dieu, la voix de la raison, la loi, l'ordre, la sécurité de tous, garanti, assurance, le vivre mieux, la justice, le bonheur.
La falsification officielle et démocratique, ce vieux truc qui s'affine désormais plus vite.
Le plus déplacé de tout n'est-il pas ce qui se met en place actuellement: cette société humaine où l'humain est de trop tel qu'il est, à savoir encore trop charnel pour qu'on élude ses besoins physiques, mais déjà trop numérique pour qu'on ne se soucie pas d'alimenter sa famine?
L'espace entre les strates sociales achève de s'épaissir, les marqueurs de se durcir, les moyens de reconnaissance entre deux âmes s'atténuent dans la profusion de faux détails, d'informations trompeuses, d'évènements qui n'en ont jamais été.
Quelque soit notre rang social, du plus riche au plus pauvre, nous sommes finalement déplacés comme le bétail, comme les troupes d'un général à la con.
Avez-vous entendu parler du libre-arbîre?
- Si oui, ne pensez-vous pas que les concepts d'arbitrage et de liberté sont antinomiques?
- Sinon, en avez-vous parlé avec les sardines de la boîte que vous venez d'ouvrir?
Notre place n'est-elle pas justement de ne pas y être?
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