"Ce qui compte échappe à ceux qui comptent"
Nous avons donc cessé d'être un pour n'être désormais plus considérés que pourcents.
Pas seulement nous d'ailleurs: toute notre évaluation du monde y est passée.
Pourcentages de la population, du chomage, des indices boursiers, des indécis, des nitrates, du PIB, du déficit, de la croissance, des intentions, du rapport hommes-femmes, vieux-jeunes, pauvres-riches, de matière grasse ou de sucre dans le sang.
Pas de notion de l'esprit dans cet énuméré. Pas de percée linguistique, de naissance d'un concept, de vision philosophique, de création artistique ou scientifique bouleversante.
Pas de progrès humain, juste une fraction du tout que formeraient les autres.
Il en est de même pour la gouvernance du monde.
De nouveaux prêtres en costars sans humour ni vision, sans questions ni autres hésitations que le nombre de zéros à aligner, vont dire ce qu'est le ciel.
De plus en plus de chiens de garde, flics, brigades de choc, contrôleurs; d'armées modernes robotisées; de drones sur nos têtes, de caméras ou de mouchards intrusifs, d'humanitaires à bâtons, de penseurs à même pas deux balles vont s'assurer qu'on sorte la tête de l'eau, mais pas les pieds.
Tant qu'on pouvait fournir à chacun son os sous forme de voiture, de sam'suffit, de plan de retraite, de mobile ou de débat télé, le bastringue fonctionnait.
Aujourd'hui où le Germinal de Zola ressemble à un conte de fées pré-internet, le pouvoir doit resserrer les cordes qui nous relient
La société se demande si dieu va redresser l'économie. L'individu, lui, hésite entre ne pas bouger et courir au loin; entre se regrouper auprès de ses pareils et fuir l'appareil (dans les îles Cayman pour les riches, dans une île déserte pour les misérables, en espérant tomber sur une vendredi bien roulée).
Sinon faites comme d'hab', draguez la concierge ou le curé, inscrivez-vous dans un nouveau réseau social, droguez-vous, devenez alcooliques, lisez des journaux gratuits et dîtes-vous que c'est de ça qu'on cause. Car après tout ni les sujets, ni les questions abordées n'ont jamais été nécessaires ici: chacun chacune est toujours venu avec ses rires ou ses peurs, ses aveuglements ou ses aliments, ses questions et ses liens, ses confusions et ses éclairs de lumière.
Une question peut-elle être finale?
Pourquoi le monde (sous la forme du FMI) consacre t'il presque tous ses crédits à aider le continent le plus riche?
leblase va t'il chausser du 44?
Devons-nous absolument serrer la ceinture des autres si nous voulons maintenir notre taux de graisse?
Filez-vous toujours un pourboire au taxi, au facteur, au connard qui vous fracasse un demi sur le comptoir?
Le sens a t'il une raison d'être?
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