Version imprimable crise de quoi


"Ce qui compte échappe à ceux qui comptent"

Taylor St-Blas, Nairobi 1895


Nous avons donc cessé d'être un pour n'être désormais plus considérés que pourcents.
Pas seulement nous d'ailleurs: toute notre évaluation du monde y est passée.
Pourcentages de la population, du chomage, des indices boursiers, des indécis, des nitrates, du PIB, du déficit, de la croissance, des intentions, du rapport hommes-femmes, vieux-jeunes, pauvres-riches, de matière grasse ou de sucre dans le sang.
Pas de notion de l'esprit dans cet énuméré. Pas de percée linguistique, de naissance d'un concept, de vision philosophique, de création artistique ou scientifique bouleversante.
Pas de progrès humain, juste une fraction du tout que formeraient les autres.
 
Il en est de même pour la gouvernance du monde.

De nouveaux prêtres en costars sans humour ni vision, sans questions ni autres hésitations que le nombre de zéros à aligner, vont dire ce qu'est le ciel.

De plus en plus de chiens de garde, flics, brigades de choc, contrôleurs; d'armées modernes robotisées;  de drones sur nos têtes, de caméras ou de mouchards intrusifs, d'humanitaires à bâtons, de penseurs à même pas deux balles vont s'assurer qu'on sorte la tête de l'eau, mais pas les pieds.

De ternes personnages vont prendre les rênes de l'humanité comme si celle-ci était un tableau Excel
Un monde de chiffres en crise où tout l'effort porte à maintenir le plus faible pourcentage du bon côté du manche: c'est le détournement de la démocratie à la faveur des trémolos financiers.
Tant qu'on pouvait fournir à chacun son os sous forme de voiture, de sam'suffit, de plan de retraite, de mobile ou de débat télé, le bastringue fonctionnait.
Aujourd'hui où le Germinal de Zola ressemble à un conte de fées pré-internet, le pouvoir doit resserrer les cordes qui nous relient

dans un espace social désargenté

La société se demande si dieu va redresser l'économie. L'individu, lui, hésite entre ne pas bouger et courir au loin; entre se regrouper auprès de ses pareils et fuir l'appareil (dans les îles Cayman pour les riches, dans une île déserte pour les misérables, en espérant tomber sur une vendredi bien roulée).


Place à pas de place et Occupy ta mère

Chaque frémissement historique a toujours débouché sur deux sortes d'issues: soit le déclin rapide, entraînant la dispersion des liens, des repères et du développement social, soit une brusque poussée en avant, un progrès radical dans les domaines scientifiques, économiques et surtout, politiques. Mais ça dépend du peuple et là, on sait que ce ne sont pas nos sociétés gavées qui auront le courage, comme en Syrie par exemple, d'affronter la répression.


Si vous avez un itinéraire favori prière de le signaler au chauffeur

Sinon faites comme d'hab', draguez la concierge ou le curé, inscrivez-vous dans un nouveau réseau social, droguez-vous, devenez alcooliques, lisez des journaux gratuits et dîtes-vous que c'est de ça qu'on cause. Car après tout ni les sujets, ni les questions abordées n'ont jamais été nécessaires ici: chacun chacune est toujours venu avec ses rires ou ses peurs, ses aveuglements ou ses aliments, ses questions et ses liens, ses confusions et ses éclairs de lumière.

Une question peut-elle être finale?
Pourquoi le monde (sous la forme du FMI) consacre t'il presque tous ses crédits à aider le continent le plus riche?
leblase va t'il chausser du 44?
Devons-nous absolument serrer la ceinture des autres si nous voulons maintenir notre taux de graisse?
Filez-vous toujours un pourboire au taxi, au facteur, au connard qui vous fracasse un demi sur le comptoir?

Le sens a t'il une raison d'être?


Version imprimable la bringuebale



"Le temps qu'il fait n'est pas le Temps qui passe"

Anonyme, 1397 av. J-C


Je discutais il n'y a pas longtemps avec un de ces jeunes (quadra, hein) dirigeants d'entreprise, beau mec brillant, intelligent, volontaire, cultivé, curieux d'ouvertures et tout et tout et j'avoue avoir été frustré de constater combien la propagande officielle occidentalo-française faisait de ravages.

Partant du prétexte illusoire que nous aurions une presse libre, un tas de gens comme lui ânonnent la bouillie de fausses données, d'éléments trompeurs débités comme incontestables; vantent les distorsions de concepts tels que (par exemple) la liberté et la démocratie, de menteuses conclusions sur le monde et la réalité dont nous abreuvent des médias pressés, sans mémoire et en conséquence, sans références.
A chaque fois l'attention de centaines de millions de gens se porte (est portée, en fait) sur tel ou tel sujet aussitôt oublié pour s'avachir sur un autre, sans recul, sans solution, sans intelligence.
la soi-disant urgence du précédent évènement vite oubliée

Les notions d'aboutissement ou de réalisation ont été remplacées par celles de victoire, de réussite, ou de conquête.
La finalité se résumerait à des épiphénomènes du genre obtention d'un poste, écrasement d'une opposition, conclusion d'un marché, mise au lit, partie gratuite au flipper, accession au niveau 28 d'un jeu en ligne, voire renversement d'X ou Y.
Tout ça est chouette, comme disait mon arrière-grand-père en s'encanaillant mais ne résoud rien à une échelle globale, générale, commune, intemporelle, personnelle.

Pour autant qu'existe encore une personne.

Ce serait du pipeau si cela n'entraînait un des trucs qui devrait nous être le plus insupportable: l'atteinte à la liberté de penser (on ne parlera même pas de la liberté d'expression, qui en découle).

En effet, la pratique (et sa manifestation) d'un mode de pensée, d'évaluation ou d'appréciation différent de celui qui est divulgué par le discours général (un consensus déguisé en débat) devient aussi difficile aujourd'hui dans la sphère occidentale que ce l'était du temps de la domination du clergé.

A chaque fois vous seront opposés des sentimentalismes à deux balles (qui n'aime pas les bêtes n'aime pas les gens, comme disait Hitler) ou objectés des litanies idiotes et limitées par des lois devenues si étroites et irréelles (on ne dit pas un chat noir mais un chat de couleur) que l'espace social se rétrécit à une idéalisation conçue par des gens de peur.

Sans cesse revenir à soi
Réappréhender son propre ressenti, son expérience intime. Se reconnaître dans le souvenir d'un regard, d'une parole ou d'un geste étranger au moule moderne, tout pour (tenter de) retrouver une suite logique authentique, conséquente avec notre humanité.
Il faut sans cesse s'arracher à la domination imprimée ou écranisée par une classe sociale étroite, maigrichonne, inculte, terrorisée mais dominante.
Oublier le vocabulaire des experts de quedalle, et considérer au nom de notre propre individualité le monde, ses agitations et ses étendues avec un regard frais, presque ingénu.
Vous remarquerez que je n'ai pas utilisé l'adjectif "libre", devenu obscène.

Vaut-il mieux arrêter de penser ou arrêter de penser qu'on pense?
Croyez-vous ce qu'on vous dit autant que ce que vous dîtes (ou l'inverse)?
Ce monde du Temps court peut-il durer plus que le Temps long?
Si le Prophète était Papou ou Kanak, porteriez-vous un étui pénien au congrès de l'UMP ou du PS?
Pensez-vous que les missiles transportent une forme de libération?
Savez-vous que le claffoutis aux myrtilles est excellent en utilisant du lait de brebis?



Version imprimable Tranches de vues

sans les mains


"La charya c'est vraiment dégueu"

MAM,Coupures de presse

"Mesurer, c'est mentir"
Gordano Bruno,circa 1595

Le rationalisme c'est vraiment n'importe quoi.
Plus ça va plus on réalise que la vision occidentale du monde et des lois universelles, anthropocentrée à l'extrême, reproduit un monde de délire.
En dehors de percées et dominations technologiques (souvent dues aux guerres), quel modèle de civilisation offrons-nous, gaulois, bataves, goths, rosbifs et pionniers amerloques (je passe les autres pour économiser l'espace) que nous sommes ?
Hmmm?
Je vous l'demande.

Que voyons-nous de la Terre ?
Ce n'est pas trop dans le domaine des Arts, de la Culture, du rapport humain, du sens de l'Histoire qu'on peut se poser en modèles durables hein.
Parce que dans ces domaines-là, on est déjà tournés vers la fin: que ce soit Damien Hirst, les débats télé, Samuel Huttington (ou FKK...non je rigole) ou l'anémie spirituelle généralisée, il paraît clair qu'on n'avance... que vers la chute.
En un sens l'impermanence et l'éphémère, désormais magnifiés par l'instantanéité de parution que nos outils procurent devrait nous offrir l'illumination bouddhique.
A la place,que dalle:
la réalité est un objet de consommation/consolation:
jetable

On est parvenus à un tel niveau de bouillie intellectuelle collective qu'on se retrouve avec des politoches, ministres de surcroît qui, face à leur incompétence et l'irréalité de leur condition envisageraient les amputations punitives légales.

Ce degré zéro de la créativité politique illustre l'impasse actuelle de notre partie du monde (Bonjour aux zyeuxmuets chinois qui envahissent les stats shplouquiens), où le sacro-saint rationalisme triomphant est confiné au service d'une logique de la rapacité.
La planète s'épuise, la mine d'or s'assèche.
Donc cessons d'être rationnels sans cohérence, deux minutes. 
De quoi nous permettre de comprendre pourquoi, de quoi et en quoi nous vivons.
Pourquoi, en quoi et de quoi nos enfants vont vivre.
Car si la Terre est notre maison
 
Nous n'avons jamais été seuls à y vivre

Changeons de place avec l'autre.
L'Autre nous.


Faut-il vraiment que nous prenions pour modèles ceux par qui le malheur arrive?
Croyez-vous que les filles portent des culottes assorties à leur burqa?
Pensez-vous qu'il y a des lois uniques, dans un univers unique?
Les pauvres sont-ils forcés de rêver à devenir riches, les faibles à devenir puissants?
Avez-vous un peu de plutonium de Cadarache à me filer (paraît qu'on s'est gouré dans la compta, et qui'y a du rabe de libre)?
Et aussi: les femmes nues sont-elles plus susceptibles d'attrapper la grippe A que les tanards boîteux de Fix?
 


Version imprimable Le démentir

Quand le dément tire, la vérité plonge


"Quand le fou dit qu'il pleut, la pluie ne mouille pas moins"
Albert leblase, météorologue
 
A Kate, qui nous aurait quitté (qu'elle démente!)

Le fin fond fait le feint du fin dans nos sociétés achte sophistiquées, pourtant lorsque le vernis craque  - et il craque plus souvent qu'un Iphone- il nous est devenu de plus en plus difficile de nous reconnaître dans la vérité toute nue.
Parce que démêler le vrai du faux est aussi difficile pour l'oeil fureteur qu'admettre qu'une pomme est un fruit pour un sophiste.
D'ailleurs une pomme est plusieurs. On peut être une pauv'pomme ou une pomme d'Adam, d'api, de discorde, de pin, de c'que tu veux, et enfin de terre.
il nous est devenu ardu de reconnaître la vérité toute nue parce que tout ce qui est tout nu nous trouble, surtout quand c'est un humain (alors vous imaginez, si c'est une humaine!).

Donc on habille
Mais bon, on ne peut pas en rester là en 24/7 toute l'année, durant toute une vie. A déguiser ce qui nous semble juste sous les oripeaux d'une nouvelle morale aussi répressive finalement que celle qui prévalut en Occident à la fin du XIXème siècle et en partie jusqu'aux années 60. Ne sont pas Taliban que les Pashtounes. Aussi craque t'on devant l'envie de dire que le nu n'est pas seulement un attirail de vente.
 
Le nu est nous.

Dussions-nous pour celà nous replonger dans la pâte initiale.

Ces temps-ci l'internet en prend plein la tête, coupable de tous les maux qui apparemment n'existaient pas avant (contrefaçon, rumeurs, approximations, pédophilie, empêchage d'apprendage de leçons par les ptits élèves, trafics divers, haine et j'en passe).
Serait-ce parce qu'on peut encore y dire notre part de vérité?

Comme d'hab' on nous dit que le reste est vrai (le reste: maigrir de 3 kilos en deux heures, l'Europe a des valeurs morales, liberté égalité tiercé fraternité, Angelina J et Brad P sont des gens heureux beaux et formidables, le gouvernement empêchera les vilains banquiers de s'en mettre plein les poches de façon pas bien, et caetera et caetera).

N'est-ce pas là un double mensonge, voire un triple si l'on veut bien revenir au principe que le virtuel participe autant du réel que le chausson aux pommes?

Quand le Roi n'est pas nu, porte t'il des jeans?

Lorsque les souvenirs partagés avec vos enfants/parents/fratrie amant/épouse/amis sont si différents, démentez-vous leur vérité ou vous enrichissez-vous de la nouvelle couverture qu'ils vous offrent?
Pourquoi les Ets leblase rouvrent-ils?
Donner à un élément le statut de réel sert-il à le menotter ou à ouvrir une porte?

Est-il dément de démentir?
 


Version imprimable En savoir ou pas

se la raconter en s'oubliant


"Et comme tout présent état d'une substance simple est naturellement une suite de son état précédent, tellement que le présent y est gros de l'avenir."

Leibnitz, la monadologie


Tiens, ça faisait longtemps..
A croire que j'avais oublié l'existence du shplouc. Des commentateurtrices. De Leibnitz. Des zyeuxmuets.
Du café, du clavier, de l'électricité, de mes doigts de pied.
De vous et de moi.
Serait-ce parce que, de vous et de moi je n'aurais plus retenu que moi?
C'est possible, éventuel, afffreux ou alors autre chose que mes conversations avec Kim-Il Sung auraient inspiré.

Mais je reviens, car le monde n'a plus besoin d'être sauvé: il est perdu.
Qu'on le veuille ou non il nous échappe, il nous évite, il nous élude.
A vous tous éminents bouddhologues, je rappellerai brièvement que Gautama (le nom du Bouddha sur son permis de léviter) était fils de roi en Inde. On avait prédit à son père qu'il lui succèderait pourvu qu'on l'empêchât de voir trois choses:
la misère
la vieillesse
la mort.

Résultat tous les vieux schnoks les RMIstes et les crevards étaient tenus à l'écart
.

Un concours de circonstances fit que ces trois stades de la vie lui apparurent alors qu'on le trimbalait en mobilehome.
Du coup, paf.
Questionnements, méditassebec, illuminachose, nirvanage.
Spinoza en aurait conclu qu'il est difficile d'éviter l'inévitable.

Comme vous le savez, des circonstances hyper-bouddhisatrices de misère et de mort (pour la vieillesse on n'a que des congrégateurs), leblase moi-même en a vu mais ces temps-ci ça a frappé plusieurs fois dans ma famille, dans mes amitiés, dans la proximité.
Par exemple un ami de vie, condamné et qui le sait.
Quelqu'un avec qui j'ai déjà partagé l'épreuve de la mort, mais qui malgré sa jeunesse va me devancer d'ici quelques jours (c'est peut-être fait au moment où vous lisez ces lignes) pour la prochaine séance.
Qui sait que je sais: le mensonge devant la fin ne peut exister; son regard a déjà cette puissance qui passe à travers l'ego, les peurs, les manières.
Les regards qu'on échange se passent des yeux et viennent de l'âme.
Par exemple, un blog consacré à la crémation d'un autre ami dont j'accouchai la fille.
Par exemple, un confrère compagnon assassiné là-bas.
Par exemple, le don de celle qui guide sa mère dans une mort naturelle, mort repoussée tant l'énergie vitale est obstinée, mais mort quand même.
Mort qui étrangement proclame la victoire de la vie, et prouve que la Vie n'est pas la nôtre, ni même celle de nôtre fameuse espèce humaine.

Je constate que la fin donne faim.

Ajoutés à l'augmentation du coût de la vie et du paradoxe qui fait qu'on y tient quand même, ces phénomènes humains m'ont déblogué.
Là-dessus un jeune homme de 15 ans et une jeune fille de 13 ans m'ont appris où est le trou dans le noir sur le temps en me demandant de leur en apprendre sur moi: comme dans le métro ou le TGV il y aurait donc une motrice à chaque bout?

Ainsi suis-je, frais comme un gardon en plastique, repeint en fluo et constatant cette constatation: chaque chose que j'apprends m'apprend que ce que j'ignore augmente.

Du coup, la sagesse ne consisterait-elle pas à ne plus chercher à savoir?
Savoir que leblase en sait plus vous convainc t'il qu'il en sait moins, et vive-versa ou vice-versa?
Savoir qu'on sait étouffe-t'il l'âme?
Faut-il éviter ceux qui savent?
A quoi les reconnaît-on?
Le savoir des uns nuit-il à celui des autres, de la même manière que notre ignorance se conforte dans celle d'autrui?
Pourquoi l'orange est-elle amère?